Le 11 et 12 décembre, il y a donc eu une grande Pistoche-Digital-Session, comprendre un bouillon de cultures et d'idées (venant de 37 pays) liées au net, pour la conférence "Le Web 3" à l'Aquaboulevard... enfin à côté, dans les salons Equinoxe.. (d'ailleurs le nom est amusant, puisque, au-delà d'être le titre du 2eme gros succès de Jean-Michel Jarre, qui, en matière de son et lumière, touche "son clavier"... c'est aussi, d'après Wikipedia, en astronomie, "the two days each year when the center of the Sun
spends an equal amount of time above and below the horizon at every
location on Earth". Une assonnance Raphael ?)
Le maitre-nageur-chef-d'orchestre de ce grand événement (il y a peu d'événements en Europe qui arrivent à réunir, au même endroit, au même moment, autant d'envies, de passions, de projets, d'idées et d'expertises au sein de la culture web), c'était Bloic.
Honnêtement, ces 2 jours ne m'ont pas apporté ce à quoi je m'attendais. Je pensais grandes théories, présentations de cosmogonie du réseau avec des chiffres, des modélisations et des calculs savants, des démonstrations technologiques étourdissantes, des analyses économiques subversives, des révélations digitales fantasmagoriques, des débats provocateurs et saisissants. Bref, je m'attendais à me faire déniaiser2.0.
En fait, non. Nous avons parlé des évolutions du web, de leurs natures et de leurs effets... mais, la tête assez décolée de l'écran. Il y avait 2-3 panels sur ce fond là (le fond d'écran ;-) comme ceux sur les nouveaux media vs les anciens (quid des modernes?) ou celui de Google (j'ai raté ceux des VCs). Sinon, les sujets abordés étaient plutôt d'ordre macro (et pas micro...-ordinateur) : l'innovation, l'entrepreneuriat, les écosystèmes, les équilibres géo-politiques, le développement humain, la modernisation, la politique, la démocratie... l'humain quoi ! De toute façon, avec tous les blogs que nous lisons tous les jours, j'aurais du anticiper que la valeur n'était pas dans la diffusion d'information mais dans les discussions qui en découlaient (cette culture du rebond est-elle celle de l'hyperlien ?)
Parce qu'en effet, c'est de cela dont il s'agit ! La révolution que nous sommes entrain de vivre n'est pas purement technologique, mais interroge/bouscule/modifie notre civilisation... notre rapport de personnes à personnes (clefs de voûte de nos identités, de nos alterités, de nos organisations ; sans déconner... j'ai raté ma licence de philo, mais j'en suis sur).
Même si on peut reprocher certaines choses à Loic (nous sommes français, c'est quand même ce que nous savons faire de mieux), comme la surprésence/incongruité d'éléments poilitiques, je tiens à le féliciter pour sa vision/détermination à (nous) sortir de la blogoshère, du web, pour avancer sur des problématiques plaNETaires. Le web3, c'est donc aussi l'histoire d'un homme, de Loic... mais pas que (je vois déjà ceux qui disent que la conférence s'est faite instrumentaliser à des fins personnelles... et puis il y a une équipe : Jeff, Ouriel, Géraldine, E2O)
C'est également l'histoire d'autres hommes, d'autres personnalités... parce que du gratin, on en avait (note : et du pôt-au-feu de fois-gras délicieux, le deuxième jour) ! Par ordre d'apparition (notamment) : Niklas Zennström, Tristan Nitot, Jeff Clavier, Ouriel Ohayon, Reid Hoffman, Brent Hoberman, Jérémie Berrebi, Martin Varsavsky, Tariq Krim, Bernard Liautaud, Scott Rafer, Pierre Chappaz, Oleg Tscheltzoff, Gilles Babinet, Felix Miller, Rodrigo Sepulveda, Benjamin Bejbaum, Suranga Chadratillake, Cyrille de Lasteyrie, Danah Boyd, Glenn Fisher, Anina, Thierry Crouzet...
Et mine de rien, ces têtes (et ces main là, car il s'agit souvent d'entrepreneurs) : "ca fait plaisir". Le web3, c'est donc aussi une histoire de personnalités charismatiques, hors du commun, dont l'idée et l'action ont été sublimées par le succès (et l'argent... mais il ne s'agit pas de ça, pourquoi revenir à ce genre de banalité... quoique, qd même... enfin, rien ne change, il y a un siècle et demi, sur d'autres terres, d'autres pionniers...).
C'est également l'occasion de mettre en perspective l'histoire du réseau (filaire ou wire-less) dans celle de l'humanité. Une des meilleures sessions a été celle de Hans Rosling (Professor of International Health, Karolinska Institutet, Co-founder of Gapminder, Stockholm). Alors, ca, c'était top : j'ai bu du petit lait. Hans nous révéle (chiffres et animations à l'appui) à quel point nous avons des apprioris "old-school" (genre 1960) sur les mécaniques éco-démo du monde. Ces deux jou-joux sont très impactants. Un des (nombreux) out-comes : le monde devient global mais avec des niveaux de modernité éclatés... l'interconnexion de tous ces éléments dynamiques n'est pas sans effet sur notre apparente-actuelle-stabilité. Le monde est en marche, l'humanité en développement. MESSAGE SUBLIMINALE - UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE - NAIROBIVLOG ! - MESSSAGE SUBLIMINAL Un autre exemple qui fait le pont avec le reste du monde : Invisible Children, présenté par Gabriel McIntyre de XoloTV à propos du vlogging. Et biensur, l'ordinateur à 100$, présenté par Google. Le web3, c'est donc aussi une histoire de développement des populations (il n'y pas que des mega-bits au coeur du Réseau, mais aussi des hommes... je me comprends).
J'ai bien aimé la présentation de Lorraine Twohill, Marketing Director EMEA Google (et je ne dis pas ca parce qu'apparemment ils recrutent) sur l'internet2point0. J'intuitais une vision avec le search comme paradigme (sans doute à cause du bouquin The Search et mes analyses de BM)... et bien non, c'était bien plus holistique que ca. Des éléments d'innovation, montrant que Google essayait de se réinventer, en surfant sur les tendances actuelles... avec les utilisateurs et la socialisation en référants (UGC, folksonomy, communautés, identité2.0). Le web3, c'est donc aussi un peu de web2 avec l'homme au centre (et de la publicité contextuelle quand même rapidement autour).
Bon, il n'y avait pas que des gens sur scène. Il y avait également une start-up room avec des présentations de projets, des confrontations de points de vue et des échanges de cartes. Et puis, la même chose un peu partout. Qui dit Net, dit aussi networkers. La valeur ajoutée dans cette conférence, audelà du fait d'y être (discours top-down qu'on reçoit, avec une sacoche, un pin's qui fait blink-blink et un tee-shirt), c'est d'en être. On se rend compte alors de la nature de ce qui intéresse, préoccupe, anime plus de 1000 pro/am du web. Le web3, c'est donc aussi la database de nos intentions d'entrepreneurs (les relations inter-personnelles deviennent de bonnes sondes des tendances, des projets, des next killer-apps).
A propos du start-up challenge, je crois que c'est l'excellent Yoono (que je n'utilise plus sur Flock... mais qu'intellectuelement je trouve chouette) qui a gagné, et que nos amis-rebels-du-14eme Gaspanik ont été accessit. J'ai bien aimé les projets, plein d'énergies alternatives, Widiwici et Youvox. Le web3, c'est donc aussi des aventures humaines en rupture (au quasi-rupture car certains ont des activités en parallèle et que de toute façon un nouveau modèle n'efface pas tout de suite un ancien, mais le complète... sauf cas d'âge glaciaire) MESSAGE SUBLIMINALE - UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE - NAIROBIVLOG ! - MESSSAGE SUBLIMINAL
Nous avons eu l'honneur d'accueillir enfin Shimon Perez, François Bayroux et Nicolas Sarkozy (Ségolène avait, parait-il, des problèmes de choix dans la date). J'ai un avis mitigé, notamment parce que :
- un seul a eu une discussion ouverte (en anglais et en français, dans un discours non-autoritaire, sans posture) sur la place d'internet dans les mécaniques de développements économique et politique ("la démocratie, c'est le droit de pouvoir se tromper et le devoir de se corriger"... j'adore le principe du Beta qui s'assonne avec plein de choses),
- un seul a eu un discours sur la forme (en franglais, en discours autoritaire, en auto-promotion, en dénie des mécanismes collaboratifs de la conférence, en attitude mal-placée vis à vis de son traducteur-like-de-fortune) et sur le fond (théorie du complot des médias, instrumentalisation, loghorrée débilatoire sur le partage, la collaboration et le gratuit) complètement grotesque
- un seul est venu, a lu, a regardé la caméra, a lu et est reparti (en nous disant "Ecoutez moi bien, internet c'est important. Je refuse qu'on me dise que le 28k c'est mieux que le 512. Je m'engage à ce que les gens utilisent leurs emails, suivant les cas. Il faut que les gens se bougent dans ce pays"... sans s'intéresser un seul moment à nos sujets de réflexion et nos modes d'interactions).
Je vous laisse retrouver qui est qui.
Se sont invités dans ce non-débat Jean-Pierre Elkabach ("laissez-moi passer, je suis journaliste") et Valérie Lecable ("amis bloggers, il faut que vous ayez le droit de cohabiter avec les journalistes professionnnels et on vous dira ce qui est bon pour vous").
Au final, 1) c'est bien d'avoir sorti notre tête de "notre" modernité 2) et de voir les abhérations et les non-sens (dénie de réalité?) des anciennes autorités-like (élus, corporation, resprésentant).
Le web3, c'est donc aussi l'émergence d'une contre-culture pour l'homo politicus (et tanpi pour les conséquences, et tanpi si le roi est nu!)
Voila, en quelques longues lignes, ma représentation des choses. J'ai été hyper content de l'avoir fait. Merci aux organisateurs, aux sponsors, à Mandragore, à ceux que j'ai été ravi de revoir, à ceux que j'ai pris bcp de plaisir à rencontrer. Merci aussi à Gutemberg, sans qui, tout ce qui a été fait avant nous, n'aurait pas été possible : une nouvelle révolution est en marche, dont l'annonce n'a pas besoin de papier pour être diffusée et dont l'homme (et la femme!) est au centre des préoccupations.
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